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“Il est militaire, tu savais à quoi t’attendre !”

Si vous partagez votre vie avec un militaire, vous avez forcément entendu ces petites phrases anodines, mais tellement blessantes.


Nous sortons tout juste des fêtes de fins d’années, et pour une partie des conjointes et conjoints de militaire, nous avons passé les fêtes loin de la personne qu’on aime. La période est propice aux baisses de moral quand on voit autour de nous les gens se réunir alors que nous, ce n’est pas possible.

Je mettrai ma main à couper qu’une grande partie d’entre nous a entendu “ah bah, c'est ça la vie avec un militaire ! Tu t’attendais à quoi ?”


Je vous rassure, à force de les entendre, nous n’y faisons plus attention. Mais les premières fois, on peut dire que c’est violent.


Vous êtes triste parce que votre militaire est parti pour X temps, vous cherchez un peu de réconfort auprès de vos proches et là : “Tu l’as choisi, tu savais à quoi t’attendre”.





La première fois qu’on m’a dit cette phrase, je me suis sentie bête et totalement démunie...

C’est cruel quand même non ? Surtout quand cette phrase provient de la bouche de l’un de nos proches.…


Bien évidemment que je savais à quoi m’attendre, je savais que les périodes d’absence seraient nombreuses et récurrentes.

Mais même en toute connaissance de cause, n’ai-je pas le droit d’éprouver de la tristesse ? N’ai-je pas le droit de ressentir de la solitude face à ce départ ?

Au regard de ces réflexions : non.



J’observe l’armée depuis de nombreuses années avec mon entourage. Les départs, les absences, le

danger… Tout ça je le connaissais déjà.

Comme mon conjoint était déjà militaire avant que nous nous engagions ensemble, je n’ai pas le droit d’être triste quand son métier m’impose son absence ou d’autres contraintes comme peu ou pas de nouvelles pendant un certain laps de temps.


Et bien non ! J’ai le droit d’éprouver des sentiments comme la tristesse et la solitude, même si je savais à quoi m’attendre.


Les départs ne sont pas négociables avec l’armée. Ils sont obligatoires et arrivent tôt ou tard. Eux partent, nous restons.

Il y a quelquefois où ils peuvent partir des mois et tout se passe bien et d’autres fois ou même un éloignement d’une semaine est un cataclysme. Il n’y a pas de règle.


Qu’on y soit préparé ou non, on ne s’habitue pas à cette absence. On s’y fait, on l’accepte et on prend un rythme.

Mais, il y a une différence entre le savoir et le vivre !

Lorsqu’on cherche du soutien auprès de nos proches, c'est simplement pour avoir une oreille attentive pour vider notre sac et simplement se délester d’un poids.

Lorsqu’on échange et qu’on reçoit ce genre de réflexion telle que “il ne fallait pas te mettre avec un militaire” c’est tout simplement décevant et réducteur.


Donc ne pas voir la personne que j’aime pendant 4 mois ne doit pas me rendre triste parce que c’est dans le cadre de ses fonctions au sein de l’armée ? Ok alors, je ne suis pas triste.

C’est surement à cette réponse qu’ils s’attendent à avoir. Mais, ce n’est pas le cas.



Je me rappelle avoir eu un échange houleux avec un membre de ma famille. Je venais de me prendre en pleine tête une phrase assassine sur l’armée alors que quelques jours auparavant, j'avais dit au revoir à mon conjoint pour a minima, les quatre prochains mois.

C’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Trop c’est trop !

La charge émotionnelle était trop grande pour moi et elle m’a littéralement fait exploser.


“Parce que je savais qu’il allait partir 4 mois, que j’ai eu le temps de m’y préparer avant, je n’ai pas le droit d’être triste de me dire que je serai loin de la personne que j’aime pendant quatre mois ?

Que les seuls contacts que j’aurai avec lui seront téléphoniques et que durant un certain temps, je n’en aurai pas du tout ? Oui, je suis avec un militaire, oui, je sais ce que cela veut dire et ce que ça engage, mais ce n’est pas pour autant que je n’ai pas le droit d’avoir des

émotions et d’éprouver des sentiments. Je suis humaine, j’ai un cœur et il saigne. Il saigne parce que je suis triste du départ, mais en plus de ça, il saigne puisqu'on lui interdit de saigner. Est-ce que l’on vient dire à des gens qui perdent un proche qu’ils n’ont pas le droit de l’être parce que ce dernier était malade depuis longtemps ? NON !”


J’avais volontairement provoqué une comparaison très forte pour faire réagir. Évidemment, les situations ne sont pas comparables, mais cela nous remet face à nos paroles et à la portée qu’elles peuvent avoir.


Comment répondre à ces phrases ?

Malheureusement, je n'ai pas de recette miracle à vous proposer.

Néanmoins, j'ai un conseil. Rappelez-leur qu'entre savoir les choses et les vivre, il y a une énorme différence. Que vous n'avez pas besoin de vous plaindre, mais simplement de vous confier, d'être écouté.

Prenez-les choses avec philosophie et faites preuve de pédagogie : Expliquez-leur ce que ces phrases peuvent provoquer en vous. La communication est une réelle clé dans la vie ! (Je ne peux pas vous dire le contraire en tant que Responsable Communication).



La vie avec un militaire, contrairement à ce qu’insinuent ces phrases assassines, est aussi une grande source de bonheur (heureusement d’ailleurs !).


Il ne faut pas cantonner sa vie avec un militaire à la seule situation réductrice du conjoint malheureux attendant patiemment le retour de son soldat… C’est d’ailleurs totalement obsolète de penser ainsi.



Je ne me plains jamais de ma situation. J’admets qu’elle n’est pas toujours évidente à gérer, qu’elle est parfois stressante et douloureuse, mais pour rien au monde, je n’échangerai ma vie.

J’accepte les effets de l’armée sur ma vie de couple sans broncher (ou presque, parce que j’aime bien râler).


Cette vie, rythmée par les absences, a fait de moi une femme forte et bien plus indépendante qu’elle ne l’aurait jamais pensé !!






Moralité de l’histoire ?

Ne soyez pas cruels avec vos proches tristes du départ de leur conjoint militaire.

Soutenez-les !




*photos non-contractuelles - Unsplash


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